La Goddam Voie Lactée

« Il n’y en a qu’un d’univers. Le même pour tous. Et tirer son épingle de ce jeu n’est jamais une question de force encore moins de mérite.
Juste d’agencement et de chance. Et rien ne me sépare de la merde qui m’entoure. »

Virginie Despentes

Nous avançons dans le noir. Nous tentons tant bien que mal de nous arracher au rien, au néant, au bloc de marbre qui nous noierait si on ne s’en extrayait pas. En quelque sorte, nous devenons quelqu’une. Pas quelconque. Comme une meute, nous plaçons la plus sage devant. Quand elle se fatigue l’autre se prend le vent dans la face. On fait ça ensemble. On trace le chemin dans la neige, dans la boue, dans la merde. Pas déesses pour deux cennes, nous marchons tout de même les pieds plantés dans la voie lactée. La flaque de lait mythologique nous a éclaboussées. Nous avons hérité de cette gangrène. Ce n’est plus que le Mississippi qui est Goddam mais toute la maudite galaxie.

En réaction à la rugosité du monde, à sa callosité et à ses aspérités, La Goddam Voie Lactée propose une messe païenne. Une célébration en guise de contestation. 

Inspirée par les deuils incessants que l’époque provoque, Mélanie Demers se lance dans une réflexion sur l’inachèvement. En mode lacunaire, La Goddam Voie Lactée se tisse comme une suite de petites pièces formant un tout incohérent, discordant, sans sens avoué, sinon celui que d’être porté par une petite société. Une formation. Une communauté.

Avec les présences magnétiques de Stacey Désilier, Brianna Lombardo, Chi Long, Léa Noblet Di Ziranaldi et la force gravitationnelle de Frannie Holder à la musique, la rencontre au sommet fait coexister sur scène cinq artistes d’exception. Chacune campée à leur poste d’observation, elles sautent parfois dans l’arène, s’emparent des gestes, des mots, de la musique et s’en drapent comme d’un costume. Elles esquissent leur univers, le dessinent et l’effacent. Sans raison. Sans justification. Pour le pur plaisir de la création d’un monde et son corollaire, la destruction. Sages, elles tournent les pages des partitions écrites pour elles. Rebelles, elles tournent le dos ou tournent sur elles.

Petit big bang esthétique, La Goddam Voie Lactée est une façon de nous projeter dans l’univers imparfait et infini auquel nous appartenons toutes et duquel nous sommes toutes héritières.

De ce constat, de ce dégât, de ce dégoût, nous acceptons de continuer malgré tout. Car ne pas finir nous permet de ne pas mourir. On trace le chemin dans la neige, dans la boue, dans la merde. Le vent dans la face. On fait ça ensemble. Et désespérer ensemble, c’est déjà espérer un peu.

 

PREMIÈRE
3 juin 2021 au Festival TransAmériques (Montréal, Canada)

CRÉDITS

Idéation et mise en scène : Mélanie Demers | Textes et chorégraphie : Mélanie Demers en collaboration avec les interprètes | Interprètes : Stacey Désilier, Frannie Holder, Brianna Lombardo, Chi Long, Léa Noblet Di Ziranaldi | Apprentie : Misheel Ganbold | Direction des répétitions : Anne-Marie Jourdenais | Dramaturgie : Angélique Willkie | Musique : Frannie Holder | Conception lumière : Claire Seyller | Costumes et accessoires : Elen Ewing | Direction technique et régie : Hannah Kirby | Sonorisateur : Benoit Bouchard | Direction de production : Mélanie Primeau | Remerciements : Alexandre Pilon-Guay

Musique

TEASER ET FILM

PHOTOS

COPRODUCTEURS

Festival TransAmériques (Montréal, Canada)
Agora de la danse (Montréal, Canada)
Centre chorégraphique national de Tours (Tours, France)
Centro per la Scena Contemporanea (Bassano del Grappa, Italie)
The Dance Centre (Vancouver, Canada)

PARTENAIRES

Le projet a reçu le soutien du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts de Montréal.